SEDDOUK - 1897
Pour aller au village de Seddouk, Il faut quitter la gare de Takritz entre Ighzer-Amokran et Sidi-Aich et gravir une côte très dure de plus de huit kilomètres. La route est très pittoresque, mais dangereuse pour les personnes qui circulent en voiture. D’un côté de la route se trouve le précipice, alors que de l’autre, d’immenses masses terreuses ou schisteuses la surplombent comme prêtes à engloutir les passants. On signale beaucoup d’accidents sur cette route. Enfin, lorsqu’on atteint le sommet de cette interminable côte, on se trouve de suite ravi par le panorama qui se déroule tout autour de soi.
Seddouk est situé à plus de 400 mètres d’altitude et à 300 mètres de la gare de Takrietz. Ce village de colons par excellence est formé de 52 feux. C’est qu’à Seddouk il faut se lever de bonne heure et travailler la terre pour manger un morceau de pain. La population, éminemment laborieuse, abandonne à la pointe du jour, les habitons pour se porter vers les concessions qui sont souvent éloignées de 10, 12 et 15 km de Seddouk pourtant il était facile de les échelonner le long de la Soummam, au bas de la côte, où les terrains sont plus fertiles.
Sur ce haut plateau, les maisons de Seddouk éparpillées et séparées les unes des autres par un lopin de terre de quelques ares de verger et potager bien cultivés, sont reliées entre elles par de magnifiques allées complantées de beaux arbres. L’une d’elles, surtout, fait l’admiration des étrangers C est une sorte d’avenue large et longue, ombragée par d’immense platanes en pleine vigueur et dont les branches se lient agréablement entre elles, formant une gigantesque corbeille verdure. Aux pieds de ces platanes, coule dans des rigoles une eau limpide et abondante, arrivant de 5 à 6 km pour porter la végétation aux petits lots du village.
Cette eau est distribuée pendant une demi-heure à chaque habitant et tous les deux jours. Elle suffit, pour faire pousser les belles fleurs, les beaux fruits et les beaux légumes qui entourent chaque habitation. Les colons ont également à deux ou trois kilomètres de seddouk des lots de vignobles de 2 à 3 hectares.
On travaille fort à seddouk. On y voit les femmes ou les filles occupées à des travaux de crochets ou de couture ou à ratisser le sol de leur jardinet.
A part un établissement de café et hôtel tenu par Madame Barbe Monjot chez laquelle on trouve un gite et une nourriture convenables, à part un magasin d’épicerie liqueurs et autres relativement grand pour le centre de Seddouk et appartenant à M. Charles également colon, tout le reste est constructions du village sert aux seddoukois ou pour abriter leur famille et leurs bêtes ou même d’usine pour la fabrication des huiles d’olives : Seddouk possède également plusieurs usines pour la fabrication des huiles.
Tout autour de ce village, il y a de grandes et belles fermes telles que celles appartenant à M. Doumeyron, adjoint du village dont le vignoble peut être cité comme modèle et son vin comme une véritable liqueur ; à M. Dubois, ingénieur parisien, qui est venu s’installer dans le village ; à M. Manaud, directeur des postes en retraite de Marseille qui a planté 12 hectares de vignes et autant d’oliviers. C’est M. Veyret qui gère cette dernière ferme, remarquable par son chai et sa nouvelle installation perfectionnée pour la fabrication de l’huile.
Cette année, les seddoukois n’ont pas à se féliciter de la récolte, les sauterelles les ont visités : ce fléau est encore venu s’en ajouter un autre : la sécheresse. Comme tous ces colons sont des travailleurs courageux, ils comptent se relever bientôt de cette mauvaise année. Seddouk, à voir ses jolis vignobles, ses magnifiques plantations, ne semble pas un village de récente création. Tous les seddoukois réclament, à cor et à cris, l’achèvement de la route Guergour qui doit leur ouvrir de nouveaux débouchés vers l’EST.
Etranglé, Seddouk ne peut développer son commerce que du côté de la gare de Takrietz , alors que la route de Lafayette (Guergour) et le petit chemin des fermes du bas de la vallée sur rive droite de la Soummam leur ouvriraient des voies nouvelles par lesquelles les Seddoukois pourraient écouler leurs produits. En somme, Seddouk et avec Tazmalt le seul village du haut de la vallée ne vivant que du produit de son sol. Seddouk possède aussi une belle église et un bordj qui sert de salle de mariage et d’école.