Régime méditerranéen, des vertus confirmées
- Blady
- Mar 10, 2014
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Une étude bientôt publiée confirme enfin les vertus du régime méditerranéen
pour réduire les risques de maladies cardiovasculaire et de diabète. Au menu : poisson, légumes frais et huile d’olive !
Les habitudes alimentaires de 7500 personnes de 55 à 80 ans ont été observées d’Octobre 2003 à Juin 2009. L’objectif : observer les effets de la cuisine méditerranéenne sur le corps. L’étude publiée par le magazine de la Société francophone du diabète (voir ci-dessous) confirme ainsi que cette alimentation participe grandement à la réduction des risques de maladies cardiovasculaire et de diabète. Mais de quoi est composé le mythique régime méditerranéen ? On notera bien entendu une consommation importante de fruits et de légumes frais, des céréales et forcément de l’huile d’olive et de l’huile de noix. La spécificité de cette alimentation se trouve donc dans le fait les plats préparés sont à bannir, tout comme les glucides à fort index glycémique tel que les aliments frits, la limonade… On peut remarquer également une très faible consommation de viande rouge et de produits laitiers.
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Prévention cardiovasculaire primaire et alimentation méditerranéenne
par Ariane Sultan
Estruch R et al. Primary Prevention of Cardiovascular Disease with a Mediterranean Diet. N Engl J Med 2013;368:1279-90. doi: 10.1056/NEJMoa1200303
L’alimentation méditerranéenne se caractérise par (i) une consommation notable de fruits, légumes, céréales, huile d’olive et noix, (ii) une consommation modérée de poissons et de volailles, (iii) une faible consommation de produits laitiers, de viande rouge, de plats préparés et de glucides à fort index glycémique, (iv) une consommation modérée de vin pendant les repas [1]. Les études épidémiologiques [2,3] ainsi que les études de prévention secondaire (notamment la Lyon Diet Heart Study) [4] démontrent que l’alimentation méditerranéenne est associée à une réduction du risque cardiovasculaire.
L’objectif de l’étude PREDIMED (Prevención con Dieta Mediterránea) est d’évaluer le bénéfice de l’alimentation méditerranéenne en prévention cardiovasculaire primaire chez des sujets à haut risque. Il s’agit d’une étude multicentrique espagnole, randomisée qui a évalué le bénéfice de 2 modalités de régime méditerranéen (régime méditerranéen supplémenté en huile d’olive extra vierge et régime méditerranéen supplémenté en noix)versus une alimentation dite « contrôle » pauvre en graisses, en termes de prévention cardiovasculaire primaire.
Les sujets inclus étaient soit des hommes (âgés de 55 à 80 ans) soit des femmes (de 60 à 80 ans) sans antécédent cardiovasculaire à l’inclusion, mais présentant soit un diabète de type 2 soit au moins 3 facteurs de risque cardiovasculaire.
Une consommation d’un litre d’huile d’olive par semaine était conseillée dans le groupe randomisé «alimentation méditerranéenne enrichie en huile d’olive». Une consommation de 30 g de noix par jour (15 g de noix, 7,5 g de noisettes et 7,5 g d’amandes) était conseillée dans le groupe « alimentation méditerranéenne enrichie en noix ». Aucune restriction calorique n’était préconisée et l’activité physique n’était pas encouragée. L’ensemble des participants a bénéficié d’ateliers éducatifs individuels et collectifs à l’inclusion puis de façon trimestrielle. L’adhésion aux conseils nutritionnels était évaluée par questionnaire et par bilan biologique (dosage d’hydroxytyrosol urinaire dans le groupe recevant de l’huile d’olive ; dosage d’acide alpha-linolénique dans le groupe recevant des noix). Le critère principal de jugement est un critère composite comprenant la survenue d’un infarctus du myocarde, d’un AVC ou d’un décès de cause cardiovasculaire. Les critères de jugement secondaire comprennent les événements cardiovasculaires pris isolément ainsi que la mortalité toute cause.
Entre Octobre 2003 et Juin 2009, 7 447 sujets ont été randomisés et suivis avec une médiane de 4,8 ans. 288 patients ont présenté un événement cardiovasculaire : 96 (3,8%) dans le groupe sous alimentation méditerranéenne supplémentée en huile d’olive extra-vierge, 83 (3,4%) dans le groupe sous alimentation méditerranéenne supplémenté en noix, et 109 (4,4%) dans le groupe dit contrôle soit un taux respectif d’événement cardiovasculaire de 8,1, 8,0 et 11,2 pour 1 000 personnes-années. L’analyse univariée montre un bénéfice significatif des 2 modalités d’alimentation méditerranéenne par rapport à l’alimentation contrôle, ce qui est confirmée par l’analyse multivariée. Le bénéfice cardiovasculaire apparaît identique entre les 2 modalités de régime méditerranéen enrichi. Le bénéfice cardiovasculaire de l’alimentation méditerranéenne semble imputable à la réduction significative des AVC, seul critère secondaire significativement différent avec une réduction de 33% dans le groupe d’alimentation méditerranéenne enrichi en huile d’olive et de 45% dans le groupe d’alimentation méditerranéenne enrichi en noix.
Il s’agit d’une étude très élégante, qui confirme le bénéfice de l’alimentation méditerranéenne en termes de réduction du risque cardiovasculaire en prévention primaire. En ce qui concerne les limites de l’étude, il faut signaler que le groupe randomisé alimentation méditerranéenne était en fait soumis à une alimentation méditerranéenne enrichie soit en noix soit en huile d’olive, en plus de la consommation courante.
La population étudiée est espagnole donc déjà imprégnée par l’alimentation de ce type. On ne peut qu’espérer que le bénéfice soit supérieur dans une population soumise à une alimentation de type western-diet. Enfin, il s’agissait de sujets à haut risque cardiovasculaire, les résultats ne sont donc pas forcément extrapolables à la population générale. On peut également regretter l’absence de données sur l’évolution pondérale de ces sujets soumis à cette alimentation ainsi que sur les facteurs de risque cardiovasculaire.
En conclusion, il s’agit de la première étude randomisée qui établit le bénéfice cardiovasculaire de l’alimentation méditerranéenne chez des sujets à haut risque, en prévention primaire. Les bords de la Méditerranée ont décidément de nombreux avantages...
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Références
[1] Willett WC, Sacks F, Trichopoulou A, et al. Mediterranean diet pyramid: a cultural model for healthy eating. Am J Clin Nutr 1995;61:Suppl:1402S-1406S. PMID: 7754995
[2] Sofi F, Abbate R, Gensini GF, Casini A. Accruing evidence on benefits of adherence to the Mediterranean diet on health: an updated systematic review and meta-analysis. Am J Clin Nutr 2010;92:1189-96. doi:10.3945/ajcn.2010.29673
[3] Serra-Majem L, Roman B, Estruch R. Scientific evidence of interventions using the Mediterranean diet: a systematic review. Nutr Rev 2006;64:S27-S47. doi: 10.1111/j.1753-4887.2006.tb00232.x PMID: 16532897
[4] de Lorgeril M, Salen P, Martin JL, Monjaud I, Delaye J, Mamelle N. Mediterranean diet, traditional risk factors, and the rate of cardiovascular complications after myocardial infarction: final report of the Lyon Diet Heart Study. Circulation 1999;99:779-85. PMID: 9989963. doi: 10.1161/01.CIR.99.6.779
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